Il y a exactement 7 jours, dans le courant de l’après-midi, nous apprenions ceci:
Les écoles ferment, et chaque enseignant organise son enseignement à distance. La décision était attendue.
Ordre de notre cheffe: chaque enseignant gère son enseignement à distance. Le Département fournira des activités sur une plateforme le jour même. Cette information est arrivée en réalité le 17 mars. Les enseignants ont reçu une mission: mettre en place l’enseignement à distance. Chacun pour soi. D’un autre côté, il y a une telle diversité d’approches parmi le corps enseignant et une telle diversité de profils de classes et d’élèves que mettre en place une solution uniforme aurait été une très grosse erreur. La voie de la sagesse, c’était peut-être justement compter sur le génie individuel des enseignants et leur résilience. Qui mieux en effet qu’eux pour connaître leurs classes et élèves?
Il y a donc exactement 7 jours, à l’heure près, mes collègues Shirin, Yves et moi, nous nous retrouvions devant nos écrans pour mettre en place une salle des maîtres virtuelle, prémisse à l’enseignement à distance. On avait envisagé que nos moyens traditionnels de communication (email Educanet2) n’allaient pas survivre longtemps. Ce qui s’est avéré vrai.
Bon… ce n’était pas comme si c’était notre seule plateforme de communication. Nous avons donc perdu tout lien avec notre hiérarchie. Si ce n’est que dans notre établissement, on s’est immédiatement organisé:
- Mise en place d’un serveur Discord pour les enseignants
- Récolte des adresses emails privées afin de créer une mailing-list avec des solutions maison et robustes
- Mise en place de groupes WhatsApp
Nous avons immédiatement décidé de mettre en place un serveur Discord pour les enseignants, parce qu’il s’agit d’un animal très social et l’isolement est difficile à gérer. On a donc voulu mettre en place une salle des maîtres en ligne, avec une fonction vocale, en utilisant un outil simple et à la portée de tous les enseignants. Aujourd’hui, seule une collègue ne s’est pas encore connectée, sur 139. Mais elle devrait nous rejoindre sous peu.
Nous avons ensuite fait l’inventaire des moyens informatiques à disposition des enseignants. Et avons équipé la trentaine qui avaient besoin de matériel récent.
Ensuite, les enseignants ont fait l’inventaire des moyens informatiques à disposition des élèves. Et là, ça a été la douche froide. Le seul appareil numérique sur lequel on peut compter dans la famille est le smartphone. Une partie importante des familles de mon établissement ont déclaré ne pas avoir d’ordinateur/tablette à la maison. Certains n’ont même pas de smartphone à disposition… Nous nous sommes donc résolus à devoir adapter notre enseignement au smartphone.
Les enseignants ont vite commencé à s’organiser, via WhatsApp et Discord. Des élèves ont très rapidement contacté des enseignants, parce qu’ils voulaient travailler (!!!). Certains ont même monté des serveurs Discord et invité les enseignants pour donner cours.
La diversité des pratiques est assez importante, qui dépend aussi de l’aisance des enseignants avec les outils qu’ils utilisent. Dans les grandes lignes:
- Blog Scolcast ou WordPress, afin de mettre à disposition des élèves des documents, vidéos, liens…
- Utilisation de plateformes pédagogiques (notreclasse.ch, rallye-lecture.fr, matheros.fr…
- Plans de travail fournis aux parents par email/WhatsApp. Les élèves travaillent sur papier, photographient le résultat et renvoient le tout par WhatsApp/Messages.
- De nombreux enseignants parmi les plus grands ont ouvert des serveurs Discord. Cela permet un partage rapide et simple des documents et surtout un enseignement présentiel audio.
Je reviendrai sur Discord dans le prochain article…
Dès mercredi, de nombreux enseignants ont commencé à enseigner à distance. Avec une assez bonne réponse des élèves. Certains collègues sont même des génies de la bricole pédagogique! Comme ma collègue, ici, qui m’a autorisé à partager la vidéo qu’elle m’a envoyée:
Je constate qu’il n’y a pas de bonne ou mauvaise solution. Chacun son outil à ses besoins. Surtout, il va y avoir une montée en compétence MITIC tant des enseignants que des élèves. C’est une opportunité de donner un vrai coup d’accélérateur au plan numérique de notre cheffe du département. Plus que jamais, cela montre la pertinence et le besoin de ce plan dans l’école vaudoise. Cela va prendre du temps pour que tout se mette en place. Ce ne sera jamais « comme en classe ». Mais le travail réalisé par les enseignants de mon établissement est incroyable. Leur foisonnement d’idées et leur résilience aussi. Ils sont très nombreux à se découvrir des compétences en informatique qu’ils ignoraient. La nécessité fait foi. Aujourd’hui, je suis fier de mes collègues. Fier aussi des élèves qui répondent massivement présents. Le message a été: « on ne vous abandonne pas! ». Et merci à tous les parents qui se sont manifestés pour nous remercier ou pour se proposer de nous aider.
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Bravo, respect! Me réjouis de te lire sur Discord, j’ai installé mais ne maîtrise pas (je n’en ai pas besoin non plus pour l’instant, donc n’ai pas poussé plus loin l’exploration).
A te lire sur le coup de boost donné au projet numérique de notre Chef, je n’avais pas compris son projet ainsi. Il semblait qu’elle voulait amener le codage et la réflexion qu’il y a derrière les outils pour les maîtriser.
Et si je te comprends bien, toi tu attends (comme beaucoup d’entre nous enseignants vaudois) des avancées technologiques.
Personnellement, j’attendais d’abord des moyens pour l’inclusion scolaire, mais là, depuis le shutdown d’educanet2, il est clair qu’il y a des moyens à mettre en outils numériques.
Sais-tu ce qu’on va nous mettre à disposition comme plateforme lundi? J’ai bien reçu le courriel de la DGEO avec les liens vers TeamUp, mais je ne vois absolument pas en quoi ceci pourrait m’être utile pour l’instant dans une logique d’enseignement à distance…
Bien à toi, keep going!
Jérôme
Salut Jérôme. Merci pour ton commentaire. Concernant le projet du numérique à l’école, ses principaux obstacles sont la peur, la réticence et l’incompétence de certains enseignants. Ce qui va prendre du temps, ce sera de les rassurer, les convaincre et les former. Avec ce que nous vivons maintenant, on est un peu dans une situation sans compromis. Tu ne pourras que très difficilement faire de l’enseignement à distance sans informatique. Tous doivent s’y mettre. Contraints et forcés non pas par notre employeur, mais par les circonstances. Et il n’y a pas de meilleure formation que l’usage. A la fin de cette histoire, nous pourrons tous compter sur des collègues qui auront pris l’habitude de travailler avec des outils numériques. C’est une chance à saisir. Pour ma part, je passe un temps fou à tout mettre en place. Mais après, sans Radiobus et avec que 6 périodes d’enseignement par semaine, je vais faire du soutien informatique massif aux collègues, et pondre des tutoriels vidéos à la chaine pour les collègues.
TeamUp semble être la solution choisie par le Département. J’attends de voir. Les retours des collègues, en particulier au secondaire, sont vraiment pas enthousiastes. Comment mettre dans une grille horaire d’une classes des cours quand les élèves sont répartis en 7 OCOM différentes en même temps? Mais comme dit: je ne demande qu’à être convaincu.
Ce que je ne comprends pas surtout avec ce que j’ai pu voir pour l’instant de TeamUp, c’est comment mettre du travail à l’intérieur de ces cours.
Après, l’ergonomie de cet outil ne me semble pas terrible, et surtout ai-je envie d’écrire, on s’en tape de l’horaire scolaire… ce qui compte, c’est de garder le lien, c’est de développer d’autres aspects (entre autre la maîtrise des outils numériques 😉 mais de grâce, n’essayons pas d’imposer à ns élèves qu’ils suivent leur horaire quotidien.
L’école à la maison, ce n’est pas l’école, c’est un autre concept. Moi-même, je ne travaille pas du motu sur le même rythme depuis une semaine…
Me réjouis de voir le défi #1 de ta fille, le #2 est déjà réussi pour moi :-))
La cheffe en parle ici: https://www.24heures.ch/vaud-regions/syndicats-inquiets-profs-familles/story/25626007 . En réalité, il ne s’agit que d’un agenda en ligne pour l’élève… quand on sait qu’on n’a plus d’horaires, je ne sais pas si j’en aurais fait la priorité absolue… et la seule communication du Département depuis 8 jours.
Nous la priorité a été: établir la communication avec les enseignants, voyant qu’Educanet2 allait partir en PLS. Rétablis le contact avec les élèves. Mettre en place une plateforme d’échange entre les enseignants de l’établissement. Lister les moyens informatiques à disposition des enseignants et prêter du matériel à ceux qui en avaient besoin (si le taux est le même dans l’ensemble du canton… ¼ des enseignants chez nous). Lister le matériel informatique à disposition des familles (en gros: le smartphone chez nous). Pleurer un bon coup. Se prendre une grosse cuite. Et admettre la situation et faire avec. En passant, cela prouve l’importance de l’éducation au numérique et aux médias à l’école. C’est le seul lieu où tous les élèves ont accès à du matériel adéquat.
Je vois que tu gardes le sens de l’humour, et c’est ce qui nous sauvera.
Chez nous, notre RI avait aussi développer une plateforme propre à notre établissement, jusqu’ici très peu utilise, voir uniquement par lui 😉
Ici, cela nous sauve. Les enseignant sont un job super, notre directeur nous appuie et nous encourage, bref, vraiment tout se passe au mieux ai-je envie de dire.
Eudcanet2 a été remplacé par nos courriers privés ou WhatsApp pour qu elle secrétariat puisse continuer à communiquer avec nous…
Système D, et progrès pour tout le monde (je viens de tester MonoSnap pour enregistrer ma voix sur un PowerPoint comprenant des vidéos avec du son, car la HEP est à cours de licences pour ScreenFlow, après 3 essais, je commence à être presqu’au point…)