Ecole à distance, J+2: Le bilan (positif!) de cette journée 15 mars 2020 16 avril 2020 Frédéric Genevey

Trois enseignants partagent avec vous leur vie et la manière dont ils vont, tant bien que mal, mettre en place un enseignement à distance dans leur établissement.

Il est 22.30. Nous terminons un week-end marathon. Les nuits furent courtes, voire inexistantes pour certains. Vos responsables MITIC sont néanmoins toujours sur le pont.

Il est 22h30. Dimanche soir, début de la fin du monde. 15 enseignants sont encore connectés sur le chanel Discord ouvert pour maintenir un lien entre enseignants et communiquer horizontalement. En 12 heures, la quasi totalité du corps enseignant, soit presque 110 enseignants, a installé, créé un compte et découvert Discord. Cela valide le choix de la plateforme et surtout le besoin d’offrir un espace de communication.

A ce sujet, c’est le premier point positif que je mets à notre actif: l’équipe MITIC a décidé de communiquer immédiatement, de montrer qu’on est au travail et que les choses bougent. On a refusé de laisser les enseignants tourner en rond après le choc de l’annonce de vendredi après-midi. Il fallait impérativement donner du grain à moudre aux enseignants: un questionnaire à remplir (fait par la quasi-totalité du corps enseignant en quelques heures), le contact à prendre avec les parents et faire l’inventaire des moyens informatiques des élèves, créer un compte Discord et découvrir la plateforme… Nous avons mis en place une communication ferme, mais bienveillante. Et le résultat est là: c’est le week-end, mais une dynamique positive s’est mise en place. Les enseignants jouent le jeu et, on l’a vu, les parents, dans leur très grande majorité, aussi. Et pourtant, nous sommes dans un milieu parfois qualifié de « pas facile ». En ce moment, les enseignants ont réussi à prendre contact avec pratiquement tous les parents et élèves.

Il y a encore du travail. Mais nous savons aujourd’hui qu’on va réussir. Même les enseignants qu’on appelle affectueusement les « dinosaures » ont répondus à l’appel. En informatique pédagogique, on utilise beaucoup la métaphore du crayon:

Aujourd’hui, tout a été décalé d’un cran. Les affûtés deviennent des initiateurs. Les effaceurs sont devenus au moins des figurants, voire directement des acteurs. La baguette magique s’appelle la conscience professionnelle. En ces temps d’adversité, on ne va pas laisser les élèves au bord de la route.

Maintenant, il ne faut pas tomber dans l’angélisme. Le retour du questionnaire sur l’équipement informatique privé des enseignants dresse un tableau assez terrible. Nous avions demandé si les enseignants disposent, à titre privé, d’un ordinateur de 5 ans ou moins (c’est-à-dire une machine assez récente pour utiliser tous les outils professionnels de l’enseignant). Le constat est affligeant: 35 enseignants sur 139 n’ont pas d’ordinateurs de 5 ans ou moins. Beaucoup n’ont simplement pas d’ordinateurs tout court. Ou alors un Mac sous Mac OS 10.9… Un quart des enseignants de notre établissement vaudois n’ont pas un outil informatique à un niveau suffisant. Et le Département compte investir des millions dans l’éducation numérique pour les élèves, quand un quart des enseignants n’ont pas un outil de travail informatique digne de ce nom. On a même une poignée d’enseignants qui n’ont pas de connexion à Internet. Au mieux, ils ont un partage de connexion avec leur téléphone portable… et pas forcément des données illimitées. On va devoir composer avec cela.

Pour ce qui est du manque de matériel, on va piocher dans les ordinateurs portables de l’école pour équiper les enseignants qui ont en besoin. Pour ce qui est des connexions à Internet, chaque enseignant devra faire avec ce qu’il a à disposition.

Demain, nous avons rendez-vous avec notre direction, pour valider tout ce que nous avons mis en place. Nous communiquerons alors notre plan d’action aux enseignants… et ici.