Ecole à distance, J+2: ça va le faire! 15 mars 2020 16 avril 2020 Frédéric Genevey

Trois enseignants partagent avec vous leur vie et la manière dont ils vont, tant bien que mal, mettre en place un enseignement à distance dans leur établissement.

Dimanche matin. Un poil tôt. Après deux nuits courtes et bien des heures de boulot, voici à quoi nous en sommes. Premièrement, je me rends compte que plus que des réserves de pâtes ou de riz, je suis content d’avoir un gros stock de café. Bon, venons un peu au bilan de la journée d’hier…

La logistique

C’était notre premier axe à traiter.

A disposition:

Nous avons fait la liste du matériel rapidement mobilisable: une centaine de Mac portables et une centaine d’iPad. Au niveau infrastructure, le site de l’école (https://www.ecoles-ecublens.ch) est la porte d’entrée de l’information aux parents. Mais impossible de l’utiliser pour de l’enseignement à distance: géré au niveau cantonal, nous n’avons pas d’accès pour l’utiliser comme plateforme d’hébergement de contenus pédagogiques. Nous allons donc nous rabattre sur le « site parallèle » de l’école, http://ecub.info, qui est sur un hébergement privé, puissant. Nous allons si besoin aussi mobiliser le site du cours fac de journalisme, le1024.ch, qui est sur un puissant hébergement Infomaniak. Comment feront les établissements qui n’auront pas ces ressources? Mystère.

Définir les besoins des enseignants

Pour faire de l’enseignement à distance, il faut que les enseignants disposent à domicile du matériel informatique adéquat. Nous avons donc commencé par envoyer un email à tous les collègues pour faire l’inventaire du matériel informatique dont ils disposent à domicile, via un sondage:

Nous avons demandé de remplir ce sondage avant ce dimanche, 18h00. Samedi, en fin d’après-midi, la quasi-totalité du corps enseignant a répondu (130 sur 139!). Cela montre l’engagement des enseignants. Face à l’adversité, ils répondent présents! C’est de bon augure pour la suite.

Quant aux résultats, ils n’ont rien d’étonnant! 34 enseignants sur 139 ne possèdent pas à domicile un Mac ou un PC de 5 ans ou moins, donc une machine qui pourrait être utilisée professionnellement.

Voilà le résultat du choix du Département de ne pas équiper les enseignants, ou du moins de financer partiellement leurs outils de travail. Un enseignant est censé trouver un ordinateur sur son lieu de travail, dans les salles des maîtres. Mais comme ce sont des lieux que nous devrons éviter à l’avenir. Cette politique se retourne contre notre employeur.

Nous avons donc prévu, mes deux collègues et moi, de proposer à la direction d’équiper ces collègues avec les portables récents de l’école, le temps de la crise. Les modalités devront naturellement être discutées.

Le matériel des élèves

Un rapide sondage fait auprès de nos élèves montre que dans un nombre non-négligeable de famille, le seul outil numérique à distance est le smartphone. Il n’y a ni tablette ni ordinateur. Le directeur a envoyé un mail aux enseignants leur demandant de prendre contact avec les parents pour lister le matériel à disposition des élèves. Il a ainsi anticipé ce que nous avions prévu de faire lundi. Parfait. Reste à trouver quelle réponse donner à ce manque d’équipement. En tous cas, nous avons décidé de partir du principe que nous devrons adapter notre enseignement à distance à l’usage du smartphone. Quitte à décider d’équiper certaines catégories d’élèves avec le matériel qui reste à notre disposition.

Et ensuite?

Là, il y a un mur. Et on vient de le percuter. Ces dernières années, le CIPEO et le département nous ont interdit l’utilisation de pratiquement tous les outils d’enseignement et de communication en ligne: WhatsApp, Showbie, Socrative… soit on nous interdit l’installation des applications, soit on nous interdit l’usage parce que les données ne sont pas hébergées en Suisse. Tout en ne nous offrant absolument aucune alternative.

Alors, on fait quoi, maintenant? On passe en force? Ce le choix que feront à coup sûr la plupart des écoles, n’ayant aucune alternative pour le moment.

Mais dans l’immédiat?

Mes collègues et moi devons relever l’énorme élan de solidarité que ce choc a créée: des enseignants se sont spontanément proposés pour nous aider. Nous avons pu tester plusieurs solutions avec eux. De même pour certains élèves, qui se sont portés volontaires.