Dossier liseuses – épisode 1: liseuse vs iPad 19 août 2014 23 août 2014 Frédéric Genevey

La rentrée des classes n’est pas la seule à se rapprocher; il y a aussi la rentrée littéraire. C’est l’occasion de revenir une nouvelle fois sur un sujet qui me tient à cœur: le livre électronique. J’ai déjà abordé ce sujet en son temps dans trois chroniques disponible ici.

(Note du rédacteur: à partir d’ici, je vais me permettre une petite coquetterie littéraire en ne parlant plus de livres électroniques ou de ebooks, mais de élivres.)

Aujourd’hui, je vous propose de nous pencher sur l’outil de lecture des élivres: la liseuse. Je vois tout de suite poindre votre question: pourquoi une liseuse, alors que mon iPad (ou toute autre tablette) peut lire des élivres dans à peu près tous les formats?

La réponse est triple:

  1. Le type d’écran d’une liseuse n’est pas du tout le même et n’est pas rétroéclairé
  2. L’autonomie de la batterie est très (très!) largement supérieure à celle d’une tablette
  3. Le poids

L’écran

Commençons par l’écran. Celui des tablettes est en général un écran LSC rétroéclairé. Sa qualité dépend de sa résolution. Ainsi, les écrans des dernières générations d’iPad (à l’exception du modèle Mini d’entrée de gamme) disposent d’un écran Retina, qui permet d’afficher du texte, même petit, sans le moindre pixel visible. C’est un atout indéniable à porter au crédit des iPad. Le problème ne se situe donc pas à ce niveau. Il faut aller le chercher dans le fonctionnement technique intrinsèque des écrans LCD: le rétroéclairage. Ainsi, un écran de tablette est similaire dans son fonctionnement à celui d’un téléviseur: il émet de la lumière. Il est en effet composé de minuscules sources de lumière. Cela amène deux désavantages.

Le premier est qu’en plein soleil, l’écran d’une tablette est illisible. En effet, la luminosité ambiante est supérieure à celle émise par l’écran, qui devient peu contrasté (au mieux), voire illisible. L’écran brillant renforce enfin cet effet!

Source: http://www.ebouquin.fr/2010/04/07/lipad-completement-illisible-en-plein-soleil/

Le second est la fatigue oculaire qu’induit la lecture sur un tel écran, en particulier dans des endroits sombres. Lorsqu’il fait complètement nuit (et que je lis sur l’iPad au lit, sans lumière, pour ne pas déranger ma femme), même en réglage nuit et avec la luminosité la plus faible, la brillance de l’écran est souvent trop importante pour permettre une lecture confortable.

iPad en mode nuit

iPad en mode nuit

Sur une liseuse, la technologie d’écran est différente: l’écran est mat, sans rétroéclairage, tel que le serait une page de livre.

Kindle

Kindle

Ces écrans sont appelés e-ink ou, en français papier électronique. Contrairement aux écrans LCD, ils utilisent la lumière ambiante, réfléchie. Les modèles de liseuses les plus récentes sont équipés d’écrans de grande qualité, offrant une résolution très confortable, ainsi qu’un excellent contraste entre le fond de la page et le texte. Sur les modèles les plus anciens ou bas de gamme, le fond de l’écran est très souvent grisâtre. Ces écrans sont ainsi parfaitement lisibles en plein soleil. Et comme ils sont mats, ils ne réfléchissent pas les alentours. Enfin, pour les lecteurs de nuit, la plupart des liseuses récentes sont équipées d’un éclairage. Celui-ci est incident, c’est-à-dire qu’il éclaire l’écran par en dessus, comme le ferait une lampe de chevet.

Il faut par contre noter qu’à de très rares exceptions prêtes, les écrans e-ink sont en noir et blanc. Si cela convient parfaitement pour la lecture de livres, il est vrai que la bande dessinée y perd beaucoup.

L’autonomie

La technologie d’écran a aussi un fort impact sur l’autonomie. En effet, l’écran ne consomme que lorsqu’il y a un changement de page. Une fois la page affichée, elle ne nécessite aucune consommation (à l’exception de l’éventuel éclairage). Par ailleurs, le système d’exploitation est léger et simplifié. L’absence de fonctions vidéo implique qu’il n’y a pas besoin d’une débauche de puissance, gourmande en électricité. Tout ceci confère aux liseuses des autonomies qui peuvent dépasser plusieurs semaines. C’est l’un des avantages de l’hyperspécialisation des liseuses: il n’est pas nécessaire de dimensionner les composants pour une grande variété de tâches (surf, jeu, vidéo…). Les liseuses ne servent qu’à lire, mais elles sont optimisées pour cela.

Le poids

Lorsqu’allongé, il faut tenir son iPad à bout de bras pour lire, cela devient vite pénible. L’iPad le plus léger fait 312 grammes. Le plus lourd pèse 662 grammes. C’est beaucoup trop lourd pour lire agréablement. À côté, il est évident que les liseuses font « cheap », avec leurs boîtiers en plastique. Mais quelle légèreté! Un Kindle pèse moins de 170 grammes. Le Kobo Aura HD, avec son grand écran, ne pèse que 240 grammes. On se rapproche sensiblement du poids d’un livre de poche.

Conclusion

Il faut, pour terminer ce premier épisode, aussi parler du prix. Celui d’une liseuse débute à moins de 100.- pour l’entrée de gamme. Pour 200.-, on touche déjà à du haut de gamme. Cumulé avec les arguments précédents, la liseuse a donc de nombreux avantages sur les tablettes… pour peu qu’on soit un lecteur assidu. Le lecteur occasionnel, s’il possède déjà une tablette, s’en satisfera très bien. Enfin, il ne faut pas oublier que sur une liseuse qui ne permet pas de se connecter à Facebook, de jouer à Angry Birds ou de recevoir des messages, les occasions d’être distrait de sa lecture (en particulier par les notifications push) sont bien plus faibles!

Le match entre la liseuse et l’iPad se résume entre un match entre une spécialiste et un généraliste. Ce dernier fait tout, le mieux possible. La spécialiste fera ce pour quoi elle est prévue à la perfection, mais ce sera tout. Ainsi, seul votre volume de lecture et les conditions dans lesquelles vous lisez (plein soleil, nuit,…) peuvent orienter votre choix.