Étiquette : ebooks

Quelle durée de vie pour un eBook?

Cela peut paraître paradoxal de parler de durée de vie pour un livre dématérialisé. Et pourtant! Les grandes bibliothèques d’Europe regorgent de livres vieux de plusieurs siècles. On a retrouvé des milliers de tablettes d’argile couvertes d’écritures cunéiformes issues de l’ancienne civilisation mésopotamienne. Et que dire des manuscrits de la Mer Morte et des stèles gravées de hiéroglyphes égyptiens ou précolombiens? Sans parler des grottes de Lascaux et de Chauvet. Bref, le contenant est parfois si durable que nous avons perdu la connaissance de la lecture du contenu.

Manuscrit de la Mer Morte

 

Je possède presque deux mille livres. En papier. Et le double en eBooks. Et là, je me pose une question: est-ce que dans 2’000 ans, l’Humanité sera encore capable de les lire, tout comme nous déchiffrons les manuscrits de la Mer Morte? Sachant que j’ai des données datant de 1995-2000 sur des cartouches SyQuest que je ne peux plus lire aujourd’hui, si je ne possède pas un lecteur SCSI et un Mac sous Mac OS 9, ainsi que son clavier et sa souris avec des ports ADB, je me pose la question. A l’époque, je sauvegardais mes données sur des cartouches EZ-135 de SyQuest. Un jour, mon lecteur est mort. Or, impossible de retrouver un autre lecteur dans le commerce. SyQuest a en effet fait faillite en 1998. J’ai toujours mes cartouches. Un jour, je mettrai peut-être la main sur le lecteur idoine.

Lecteur EZ-135 de SyQuest

 

Le problème n’est pas seulement l’accès physique aux documents. Aujourd’hui, avec le stockage dans le cloud, on peut espérer se passer d’un format d’accès physique à ses données. Le problème est logiciel. Les enseignants vaudois le savent bien: adeptes du génial ClarisWorks, puis d’AppleWorks, certains fichiers ne sont plus utilisables sur les ordinateurs récents.

Lorsque j’ai un ebook au format ouvert ePub, je suis à peu près sûr de pouvoir le lire sur la durée, d’un périphérique à l’autre. Le cas échéant, je suis aussi à peu près sûr de trouver un convertisseur pour transformer mes fichiers ePub vers le nouveau format qui va le supplanter. La simplicité du format ePub le rend durable, presque éternel. Aujourd’hui, je lis encore n’importe quel fichier .txt ou .rtf d’il y a 30 ans. Mais à partir du moment où des DRM entrent en jeu, c’est fini. Dès que la technologie d’autorisation de lecture sera désuète, ce sera fini. Alors que la plupart des DRM sont issus de l’univers Adobe, on va se retrouver comme tous ces sites et contenus en flash qui va devenir d’un seul coup obsolète et rapidement illisible lorsqu’en 2020, Adobe va abandonner le support de sa technologie.

Dès lors, je constate une chose: par rapport au livre papier, je paie le même prix pour un ebook sans DRM ou pour un ebook avec DRM. Dans le premier cas, j’ai un fichier informatique durable. Dans le second cas, la durabilité est tellement limitée que j’estime payer un service: un droit de lecture pendant 6-7 ans. Et je trouve cela inadmissible de vendre ce service au même prix qu’un fichier durable, que je pourrai transmettre à mes enfants, et eux, sans doute à leurs petits-enfants, tel un livre. Mes ebooks avec DRM, eux, dans 10 ans, ils seront très probablement inutilisables.

Je suis contre les DRM. Mais les epub vendus sans DRM sont maintenant quasi inexistants. Alors je veux bien payé un service en achetant un ebook avec DRM, mais de loin pas au même prix qu’un ebook sans DRM ou un livre physique. Si les maisons d’édition ne comprennent pas cela, ce sera la mort des livres numériques dès le prochain saut technologique. Dans les faits, les maisons d’édition qui imposent des DRM ne voient que les profits à court terme et scient allégrement la branche sur laquelle ils sont assis.

Dans l’attente, je n’ai qu’un conseil à donner: piratez vos livres numériques! Moi, il m’arrive très souvent d’acheter un livre numérique uniquement disponible avec DRM, de le jeter et de le pirater immédiatement après…


Liseuse Kobo Aura H2O: bilan après une année d’utilisation intensive

Cela fait maintenant plus d’une année que j’utilise ma Kobo Aura H2Ode manière assez intensive: plusieurs dizaines de livres lus et des centaines d’heures de lecture. Il est temps de faire un bilan.

L’étanchéité:

 

À l’origine, j’ai pris cette liseuse pour l’excellente qualité de son écran et parce qu’elle est étanche. Cela peut paraître anecdotique, mais après une année d’utilisation, cela s’est avéré très utile:

  • Lecture à la plage: lorsqu’à la fin de la journée, la tablette est pleine de sable, il suffit de la passer sous le robinet pour enlever toute trace de sable.
  • Nettoyage: le plus simple, c’est de plonger la liseuse dans l’eau avant de l’essuyer avec un chiffon doux. Adieu toutes traces de doigts!
  • Lire dans son bain où en se relaxant dans des bains thermaux: c’est génial (éviter tout de même les saunas…)!
  • En excursion: la liseuse étant légère, elle se glisse aisément dans un sac à dos. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir en cas de forte averse.

Le petit capuchon de caoutchouc qui couvre les connecteurs n’a pas du tout souffert après une année d’utilisation; l’étanchéité est donc garantie.

L’usure:

La seule trace d’usure à déplorer consiste en deux petites raies dans le coin inférieur gauche de l’écran, ce qui ne nuit pas à la lecture. Sinon, le plastique ne porte pas de traces d’usures, malgré le fait que la liseuse ait passé des centaines d’heures dans mes mains.
Je n’ai pas non plus noté de diminution de la capacité de la batterie, qui tient toujours allégrement plusieurs semaines.

L’usage:

Soyons clairs: pour un habitué des iPads et des iPhones, une liseuse peut être très frustrante: c’est bien moins réactif. Mais une fois la lecture commencée, c’est un régal. Plusieurs centaines d’heures de lecture confirment l’excellence de l’écran: agréable et reposant. L’éclairage permet une lecture aisée même en plein noir, sans fatigue excessive.
Le dictionnaire intégré est vraiment pratique. Je ne l’utilise que pour quelques mots pointus et ne l’ai pas encore pris en défaut.

  • C’est aussi à l’usage que se décèlent quelques points négatifs. Comme la plupart des lieuses, la gestion des fichiers est calamiteuse. Heureusement, le logiciel Calibre permet d’y remédier, même si sa prise en main n’est pas des plus aisée. À l’usage, cela permet une gestion simple de sa bibliothèque numérique.
  • Ma liseuse est liée au Kobo Store. Impossible de changer, pour la Fnac par exemple. Dès lors, un compte Kobo est nécessaire… et rigoureusement inutile. La plupart des livres de la librairie Kobo sont en allemand; et comme pour l’iBookStore d’Apple, ne cherchez pas un moteur de recherche qui permet d’effectuer une recherche par langue… Ce compte Kobo ne permet même pas de sauvegarder la liste des livres lus, les statistiques de lecture… dès lors, après avoir remis à zéro trois fois ma liseuse durant l’année, j’ai perdu 3 fois mes données personnelles et mes statistiques. Le logiciel Kobo sur l’ordinateur est ainsi tout aussi inutile. Ce qui est le plus agaçant, c’est que lorsqu’on veut effectuer une recherche sur sa Kobo, ce n’est pas défaut la librairie qui est présente, avant sa bibliothèque interne. C’est débile, contre-intuitif et cela démontre un vrai manque de respect pour l’usager.
  • Comme dit précédemment, si l’usage des statistiques de lecture est sympa et ludique, la perte systématique des données à chaque initialisation de la liseuse, même si on utilise à chaque fois son même compte Kobo ruine tout le côté intéressant de la chose.
  • Le clavier; c’est une calamité au format AZERTY. Manifestement la Suisse n’est pas un marché suffisamment digne d’intérêt pour Kobo pour lui développer son propre clavier QWERTZ. On ne peut même pas avoir un clavier américain; le choix de la langue française impose ainsi le clavier AZERTY.

Ces quelques points négatifs mis à part et qui n’entrent pas en compte lors de la lecture, cette liseuse vaut largement son prix: elle est à la fois agréable et résistante.

Pour aller plus loin: ma page de ressources pour liseuses


Dossier liseuses – épisode 1: liseuse vs iPad

La rentrée des classes n’est pas la seule à se rapprocher; il y a aussi la rentrée littéraire. C’est l’occasion de revenir une nouvelle fois sur un sujet qui me tient à cœur: le livre électronique. J’ai déjà abordé ce sujet en son temps dans trois chroniques disponible ici.

(Note du rédacteur: à partir d’ici, je vais me permettre une petite coquetterie littéraire en ne parlant plus de livres électroniques ou de ebooks, mais de élivres.)

Aujourd’hui, je vous propose de nous pencher sur l’outil de lecture des élivres: la liseuse. Je vois tout de suite poindre votre question: pourquoi une liseuse, alors que mon iPad (ou toute autre tablette) peut lire des élivres dans à peu près tous les formats?

La réponse est triple:

  1. Le type d’écran d’une liseuse n’est pas du tout le même et n’est pas rétroéclairé
  2. L’autonomie de la batterie est très (très!) largement supérieure à celle d’une tablette
  3. Le poids

L’écran

Commençons par l’écran. Celui des tablettes est en général un écran LSC rétroéclairé. Sa qualité dépend de sa résolution. Ainsi, les écrans des dernières générations d’iPad (à l’exception du modèle Mini d’entrée de gamme) disposent d’un écran Retina, qui permet d’afficher du texte, même petit, sans le moindre pixel visible. C’est un atout indéniable à porter au crédit des iPad. Le problème ne se situe donc pas à ce niveau. Il faut aller le chercher dans le fonctionnement technique intrinsèque des écrans LCD: le rétroéclairage. Ainsi, un écran de tablette est similaire dans son fonctionnement à celui d’un téléviseur: il émet de la lumière. Il est en effet composé de minuscules sources de lumière. Cela amène deux désavantages.

Le premier est qu’en plein soleil, l’écran d’une tablette est illisible. En effet, la luminosité ambiante est supérieure à celle émise par l’écran, qui devient peu contrasté (au mieux), voire illisible. L’écran brillant renforce enfin cet effet!

Source: http://www.ebouquin.fr/2010/04/07/lipad-completement-illisible-en-plein-soleil/

Le second est la fatigue oculaire qu’induit la lecture sur un tel écran, en particulier dans des endroits sombres. Lorsqu’il fait complètement nuit (et que je lis sur l’iPad au lit, sans lumière, pour ne pas déranger ma femme), même en réglage nuit et avec la luminosité la plus faible, la brillance de l’écran est souvent trop importante pour permettre une lecture confortable.

iPad en mode nuit

iPad en mode nuit

Sur une liseuse, la technologie d’écran est différente: l’écran est mat, sans rétroéclairage, tel que le serait une page de livre.

Kindle

Kindle

Ces écrans sont appelés e-ink ou, en français papier électronique. Contrairement aux écrans LCD, ils utilisent la lumière ambiante, réfléchie. Les modèles de liseuses les plus récentes sont équipés d’écrans de grande qualité, offrant une résolution très confortable, ainsi qu’un excellent contraste entre le fond de la page et le texte. Sur les modèles les plus anciens ou bas de gamme, le fond de l’écran est très souvent grisâtre. Ces écrans sont ainsi parfaitement lisibles en plein soleil. Et comme ils sont mats, ils ne réfléchissent pas les alentours. Enfin, pour les lecteurs de nuit, la plupart des liseuses récentes sont équipées d’un éclairage. Celui-ci est incident, c’est-à-dire qu’il éclaire l’écran par en dessus, comme le ferait une lampe de chevet.

Il faut par contre noter qu’à de très rares exceptions prêtes, les écrans e-ink sont en noir et blanc. Si cela convient parfaitement pour la lecture de livres, il est vrai que la bande dessinée y perd beaucoup.

L’autonomie

La technologie d’écran a aussi un fort impact sur l’autonomie. En effet, l’écran ne consomme que lorsqu’il y a un changement de page. Une fois la page affichée, elle ne nécessite aucune consommation (à l’exception de l’éventuel éclairage). Par ailleurs, le système d’exploitation est léger et simplifié. L’absence de fonctions vidéo implique qu’il n’y a pas besoin d’une débauche de puissance, gourmande en électricité. Tout ceci confère aux liseuses des autonomies qui peuvent dépasser plusieurs semaines. C’est l’un des avantages de l’hyperspécialisation des liseuses: il n’est pas nécessaire de dimensionner les composants pour une grande variété de tâches (surf, jeu, vidéo…). Les liseuses ne servent qu’à lire, mais elles sont optimisées pour cela.

Le poids

Lorsqu’allongé, il faut tenir son iPad à bout de bras pour lire, cela devient vite pénible. L’iPad le plus léger fait 312 grammes. Le plus lourd pèse 662 grammes. C’est beaucoup trop lourd pour lire agréablement. À côté, il est évident que les liseuses font « cheap », avec leurs boîtiers en plastique. Mais quelle légèreté! Un Kindle pèse moins de 170 grammes. Le Kobo Aura HD, avec son grand écran, ne pèse que 240 grammes. On se rapproche sensiblement du poids d’un livre de poche.

Conclusion

Il faut, pour terminer ce premier épisode, aussi parler du prix. Celui d’une liseuse débute à moins de 100.- pour l’entrée de gamme. Pour 200.-, on touche déjà à du haut de gamme. Cumulé avec les arguments précédents, la liseuse a donc de nombreux avantages sur les tablettes… pour peu qu’on soit un lecteur assidu. Le lecteur occasionnel, s’il possède déjà une tablette, s’en satisfera très bien. Enfin, il ne faut pas oublier que sur une liseuse qui ne permet pas de se connecter à Facebook, de jouer à Angry Birds ou de recevoir des messages, les occasions d’être distrait de sa lecture (en particulier par les notifications push) sont bien plus faibles!

Le match entre la liseuse et l’iPad se résume entre un match entre une spécialiste et un généraliste. Ce dernier fait tout, le mieux possible. La spécialiste fera ce pour quoi elle est prévue à la perfection, mais ce sera tout. Ainsi, seul votre volume de lecture et les conditions dans lesquelles vous lisez (plein soleil, nuit,…) peuvent orienter votre choix.