Coffee Geek 3 juillet 2016 3 juillet 2016 Frédéric Genevey

Maintenant que les vacances commencent, il est temps de passer à des sujets un peu plus légers. Ainsi, il n’y a pas qu’en informatique qu’on peut être geek. C’est, par exemple, aussi le cas du café.

Le café, j’en buvais beaucoup. Ma première machine à café était une excellente machine à café de grande marque tout automatique, avec moulin intégré et une carrosserie tout métal. Je l’avais trouvée au bord de la route. Cela m’a coûté 150.- pour la faire nettoyer et la remettre en état. Elle m’a fait de bons cafés durant presque 10 ans. A son décès, j’ai acheté une machine fort chère aux soldes (890.-, prix non soldé), fort pourvue de plastique, de marque De Longhi. Le café était fort potable, avec réglage de la finesse de la mouture, de la quantité de café et d’eau. Son fonctionnement était similaire à ma précédente machine. Mais elle est décédée après 3 ans. Du jour au lendemain, le café est devenu une lavasse qui satisferait peut-être un Européen du Nord, mais pas l’amateur d’espresso que je suis. C’était l’occasion de passer sur une vraie machine à espresso. La hauteur limitée de l’endroit où doit se trouver la machine fait que je ne pouvais pas prendre une machine avec un moulin à café séparé; ces derniers étant souvent très hauts. J’ai donc décidé de me tourner vers une Lelit PL042TEMD:

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De fabrication italienne (entre Milan et Vérone), avec un groupe de chauffe en laiton, une carrosserie tout inox, une valve 3 voie (ce qui permet de dépressuriser le porte-filtre), c’est une bonne machine, malheureusement chère, puisqu’elle coûte 720 CHF neuve. C’est aussi à peu de choses prêtes le coût d’une machine à café tout automatique.

Alors pourquoi ne pas prendre une Nespresso, avec une machine à moins de 100.-? Pour les raisons suivantes:

La santé: me faire un café était devenu une habitude, tant à la maison qu’au travail (où on tourne sur Nespresso). Un moment de libre; et hop un café. Bilan à la fin de la journée: 12 à 15 cafés. Avec une machine nécessitant 20 minutes de chauffe, c’est une autre histoire!

Les finances: une capsule Nespresso coûte environ 50 centimes, pour 5 gr de café, ce qui amène le kilogramme de café au prix de 100 francs (soit au cours actuel le prix de 2 grammes d’or ou de platine…), pour du café uniformisé et que je n’aime pas. A titre de comparaison, mon café en grain, pourtant cher et haut de gamme, coûte 35.60 francs par kilo; presque le tiers du prix du café Nespresso. Vu comme cela, on fleure l’arnaque… mais soyons honnêtes: les choses ne sont pas aussi simples (et aussi défavorables pour Nespresso). Se limiter à une comparaison du prix au kilogramme est simpliste, à la limite de la malhonnêteté. En effet, si Nespresso se contente de 5 grammes de café par capsule, pour ma Lelit, j’utilise environ 12 grammes de café. Il faut donc faire le coût de revient par café. Pour Nespresso, c’est simple. Pour une capsule standard, il est entre 0,50 à 0,52 franc. Dans le cas de ma machine, avec le café spécial de La Semeuse que j’utilise, le prix d’un café revient à 0.42 franc, soit très proche de celui d’une capsule Nespresso. La principale différence étant le goût… mais j’y reviendrai. Le prix est donc légèrement plus avantageux, même avec un café très cher. Et j’ai le choix de mes crus et de mes cafés, bien loin de l’uniformisation de Nespresso.

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L’écologie: je vais commencer par nuancer. Les machines Nespresso récentes sont très performantes d’un point de vue énergétique: temps de mise en température rapide, mode économie d’énergie, auto-extinction. Rien de cela sur ma Lelit: temps de chauffe: 15 (au minimum) à 20 minutes (idéal). Pas de mode économie d’énergie, pas d’auto-extinction. Néanmoins, l’impact écologique des capsules, qu’elles soient en aluminium, en plastique, en machin-recyclabe, est très important. Je regrette, chez La Semeuse, que pour les cafés spéciaux, il n’existe que des conditionnements en 250gr et pas en 500gr, ce qui limiterait l’emballage. Si les capsules se recyclent, cela demande beaucoup d’énergie et d’eau. Mon marc, lui, est un excellent engrais, un répulsif contre les limaces et les insectes. Il a plein de vertus pour le jardin. Mais il y a plein d’autres utilisations du marc, comme pour les gommages de peau! Le marc de café est rempli de vertus, qu’une machine à espresso manuelle permet d’exploiter… contrairement à une machine Nespresso… sauf si on prend le temps de vider chaque capsule… ce qui conduit au point suivant:

Le temps: en une minute, un café Nespresso (ou tout autre type de café en portion) est prêt. Avec une machine manuelle, il faut la chauffer (20 min), moudre le café, l’égaliser, le presser avec le tamper, extraire le café, enlever le marc… bref, le processus est long. En réalité, c’est un avantage. Comme pour la cérémonie du thé, c’est un rituel qui nécessite une rigueur, du temps et de l’expérience. Une fois la machine maîtrisée, le café qui en sort est digne des meilleurs bistrots. De facto, on consomme un excellent café, puis une deuxième et cela s’arrête là. Ma consommation est passée de 12 à 15 cafés quotidiens à 2 à 4 (2 cafés à la maison, deux Nespresso au travail).

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Le goût: malgré des « grands crus », le café Nespresso est un café standardisé. La faible quantité de café par capsule est compensée par des astuces techniques (forte pression, par exemple); mais si cela crée de la mousse, la crema est absente. La machine à espresso manuelle demande un apprentissage pour avoir le coup de main, afin d’exploiter au mieux ses capacités. Et même avec l’habitude, il arrive qu’on rate un café (comme ça a été mon cas ce matin…). Il n’y a par contre aucune comparaison possible entre l’eau brunâtre d’un Nespresso et le café, avec une vraie crema huileuse et aromatique, comme on le trouve dans les meilleurs bistrots.

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J’ai eu la chance de trouver cette machine d’occasion, encore sous garantie est en très bon état pour 200 CHF. Voilà l’argument final! Le couple qui l’avait est passé sur Nespresso; par facilité.

Et pour d’éventuelles réparations ou accessoires, pas besoin d’aller très loin; le distributeur Lelit se situe à Morat: http://www.espressoworld.ch.

Privilégier la qualité à la quantité, l’acte à la finalité, l’apprentissage du geste à l’automatisation; c’est aussi ça, être un geek.